l'agave bleu

/ Vincent Isoré

Pour cette série d’images, nous plantons le décor au Mexique dans le « paisaje agavero » – en français « paysage d’agave ». Sa particularité ? Ses grandes étendues aux différents tons de bleu. Le site est classé par l’Unesco et à l’instar du vignoble français, il fait vivre toute une région à travers la production d’un nectar que tous nous connaissons : la tequila.

L’utilisation du nom Tequila est semblable à un AOC et est donc réservé à la production issue principalement de l’Etat de Jalisco ainsi qu’à quatre autres Etats mexicains : Nayarit, Michoacán, Guanajuato et Tamaulipas. Des territoires ayant l’avantage de posséder des caractéristiques naturelles, humaines et techniques uniques et favorables à la production de cette boisson.

Pour l’historique, cet élixir va naitre lorsque les colons espagnols commencèrent à utiliser le processus de distillation sur les agaves bleus, produisant ainsi ce que l’on appelait « le vin d’agave ». Plus tard, au XVIIIe siècle, la qualité de ce que l’on va nommera simplement la tequila s’améliore et une véritable industrie se développe dans la région. Tel un grand whisky ou un bon cognac, la boisson commença à s’affirmer en gagnant différents concours en Europe avant de devenir de nos jours l’une des icônes prestigieuses du Mexique contemporain à travers le monde.

Certains « jimadores » [cultivateurs] décrivent l’agave comme une plante « noble » car elle pousse très facilement dans ce climat chaud et sec ; elle n’a nul besoin d’être arrosée car elle est capable de survivre rien qu’avec l’eau de pluie. En revanche, les paysans doivent attendre environ dix années de croissance pour pouvoir la récolter. Ce qui donne toute sa valeur à la production. Le processus de récolte nommé « Jimar » il est fait à la main avec des méthodes traditionnelles transmises de père en fils. Un bon « jimador » peut récolter jusqu’à trois mille kilos d’agaves en une journée.

Pour l’élaboration de l’alcool, seul le cœur de la plante est utilisé. On le surnomme « pina » en raison de sa forme d’ananas et son poids est en moyenne de cinquante kilos. Compter approximativement sept kilos de « pina » pour distiller un litre de tequila 100% agave. On peut lister cinq types de tequila selon son niveau de maturation : blanc (blanco), jeune (joven), reposé (reposado), âgé (anejo) et très âgé (extra anejo). En règle générale on associe la qualité et le prix du liquide à son vieillissement.

Aujourd’hui le village de Tequila et ses alentours abritent plusieurs usines de grandes marques à la renommée internationale ; une source majeure d’emploi allié qui trouve son écho grâce au tourisme de dégustation qui séduit de plus en plus et du folklore « Tapatio ». De grands projets de développements immobiliers sont prévus sous la houlette de la maison Tequilera « José Cuervo ». Certains locaux s’en réjouissent mais d’autres confient une certaine inquiétude vis-à-vis de ces changements. Le village, jusqu’ici à l’abri du tourisme de masse, saura t-il préserver son authenticité ?